Afin de continuer de remporter des victoires de classe, Alfa Romeo doit retravailler l’aérodynamique de son coupé Giulietta qui manque de vitesse de pointe. Pour cela elle se tourne vers des carrossiers indépendants, comme dans les années 30. C’est Bertone qui proposera le premier sa version du coupé Sprint, la Sprint Speciale. Elle est le fruit d’une collaboration entre Alfa Romeo et Bertone datant de 1953 pour réaliser une série de prototypes de salon. C’est le designer Franco Scaglione qui dessine les trois prototypes extravagants de 1953 à 1955 afin d’explorer des dispositifs aérodynamiques. Et c’est du dernier, le BAT 9 (Berlinetta Aerodinamica Technica), dont il s’inspire pour la ligne de la Giulietta Sprint Speciale.
Présentée au salon de Turin en 1957, elle affiche une ligne très pure et élancée. Un deuxième prototype est présenté au salon de Genève 1958 légèrement modifié avec des porte-à-faux avant et arrière plus courts et une hauteur augmentée de 20 mm. Cette même année au salon de Turin c’est la version définitive qui est exposée avec une calandre plus horizontale, des feux ronds séparés à l’arrière, des clignotants déplacés sous les phares et, surtout, l’intégration de la calandre Alfa.
Cependant cette Giulietta « SS » se révèle un peu trop lourde pour la compétition et deviendra un élégant coupé de grand tourisme, la compétition sera réservé à la Giulietta SZ de Zagato plus légère de 90 kg.

La production commence en 1959 par une pré-série de 101 exemplaires destinés à l’homologation en compétition, elle se différencie du reste de la production par des ouvrants et un toit en aluminium, des vitres en plexiglas, l’absence de pare-chocs et un avant plus arrondi et plongeant. Elle sont nommées « low nose » et portent encore le numéro de série de type 750 des premières Giulietta. Seules quatre exemplaires sont construits entièrement en aluminium. En 1960 après cette pré-série les Sprint Speciale de type 101 sont entièrement en acier et montées avec des pare-chocs et une insonorisation. Malgré son côté Grand Tourisme, la Sprint Speciale se retrouve être assez dépouillée en équipement et en finition mais Alfa compte sur l’agrément de conduite et la tenue de route pour justifier un prix de 29000 F.

Les ingénieurs motoristes Orazio Satta Puliga et Giuseppe Busso s’inspirent de la compétition et reprennent leurs études déjà menées sur l’Alfa 1900, berline du renouveau d’Alfa après guerre. Ils sortent un moteur 1290 cm3 entièrement en aluminium avec chemises en fonte rapportées permettant un énorme gain de poids et un excellent refroidissement. La culasse est dotée d’un double arbre à cames en tête commandant directement deux soupapes par cylindre disposées en V à 80°, avec poussoirs hydrauliques.

Sur cette Sprint Speciale le moteur est un peu plus poussé pour atteindre les 100 ch avec deux Weber 40. Ces 100 ch sont transmis aux roues arrière par une boite à cinq rapports tous synchronisés (brevet Porsche), ce qui est la encore assez rare sur un modèle de grande série.

Comptez de 130 à 150 000 $.