De petites voitures de sport basées sur les Fiat 500 et 600 – c’est ce qui a rendu Carlo Abarth célèbre à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Mais le fondateur de l’écusson du Scorpion avait bien d’autres cordes à son arc, et notamment celle de s’essayer aux voitures de grand tourisme.

Carlo Abarth ne faisait pas que des voitures à moteur arrière.  L’idée d’une Abarth GT a germé lorsque Fiat a lancé ses nouveaux modèles haut de gamme à six cylindres, les 1800 et 2100, en 1959. Il s’agissait de grandes et confortables berlines, mais le choix délibéré de Fiat à l’époque de ne pas lancer de version sportive a ouvert la porte aux spécialistes comme Moretti et bien sûr Abarth.

Début 1959, Fiat avait présenté la 2100 disponible en berline et en break, appelé Familiare. Elle était propulsée par un six cylindres en ligne de 2,1 litres développant une puissance de 82 ch transmise aux roues arrière via une boîte de vitesses à quatre rapports.

Carlo Abarth décide de baser sa nouvelle voiture GT sur la 2100 et demande à l’un de ses carrossiers préférés, Serafina Allemano, de concevoir deux nouvelles carrosseries, un coupé et un spider. Le designer indépendant Giovanni Michelotti a dessiné les deux formes, et les dessins qu’il a réalisés étaient exceptionnellement propres, avec une ligne d’aile allant des phares à l’arrière, et des côtés de carrosserie lisses sur une plate-forme Berlina de Fiat a vu son empattement raccourci de 20 cm.

28 exemplaires du coupé auraient été fabriqués. La révision du moteur, une culasse en aluminium avec des chambres de combustion optimisées, un arbre à cames modifié et surtout trois carburateurs Weber au lieu de deux ont permis de porter la puissance à 135 ch, ce qui permettait d’atteindre facilement une vitesse maximale de 200 km/h.

Au plan mécanique, les modèles 2200 d’Abarth utilisaient une version élargie du moteur 2100 de Fiat, dont l’alésage passait de 77 à 79 mm et la cylindrée de 2162 cc (d’où le terme « 2200 »). Avec trois carburateurs Weber 40DCOE à double collet boulonnés, une puissance de 135 ch était atteinte. Comme la carrosserie était en aluminium, le poids était réduit, ce qui permettait à Abarth de revendiquer une vitesse de pointe de 195 km/h. L’ingénieur Giorgio Valentini était chargé du châssis, renforçant la plate-forme et les seuils.

Il a également introduit quelques autres modifications intéressantes : une boîte de vitesses améliorée et des freins à disque aux quatre roues (ces derniers étant fournis par Dunlop au Royaume-Uni). L’Abarth 2200 Coupé était un modèle haut de gamme dont l’habitacle était luxueusement garni de cuir.

A l’automne 1961, Fiat présenta la 2300, dont la cylindrée du six en ligne fut portée à 2 279 cc avec une puissance portée à 105 ch. Il y avait à nouveau la Berlina et la Familiare, mais aussi un coupé dessiné par Michelotti chez Ghia;

Fiat 2300 coupé – 1961

Abarth réagit avec la 2400, dont la puissance fut portée jusqu’à 157 ch, mais qui, grâce à la carrosserie en aluminium d’Allemano, ne pesait que 1 075 kg, alors que la Ghia en acier devait déplacer 1 300 kg. Il n’existe aucun chiffre de production pour l’Abarth 2400.

Carlo Abarth était très attaché au Coupé 2400, dont seuls quelques exemplaires ont été construits, probablement quelques dizaines. L’entrepreneur naturalisé austro-italien et fondateur de la société au Scorpion décide d’en garder un pour lui pour son utilisation, quotidienne et, en 1964, bien que le modèle ait été arrêté depuis deux ans, il l’expose sur son stand au Salon de l’automobile de Genève.

Carlo Abarth devant sa 2400

SI le coupé Ghia était déjà très cher, 2 600 000 lires, la version Abarth coûtait la bagatelle de 3 313 000 lires. Elle était donc plus onéreuse qu’une Jaguar E-Type, ce qui a sérieusement refroidi les acheteurs potentiels.

Au Salon de Genève de mars 1961, un autre carrossier, dirigé par Ezio Ellena (célèbre surtout pour ses Ferrari 250 GT), avait proposé un nouveau coupé basé sur l’Abarth 2200, présenté sur le stand Ellena. Cette voiture ne diffère pas de celle d’Allemano par la netteté de ses lignes, mais elle se distingue par des passages de roues arrondis, au lieu des passages de roues carrés d’Allemano, une calandre ovale, l’absence de feux de position arrière, une lunette arrière enveloppante et une bande chromée le long des seuils.

Peut-être parce que l’Allemano 2200 ne s’est pas vendue brillamment, Carlo Abarth décide d’adopter le design d’Ellena pour la nouvelle Abarth 2400, qui est dévoilée au Salon de Turin 1961. Cette voiture a encore été modifiée par rapport à la voiture de Genève : bien qu’elle ait toujours une calandre ovale et des passages de roues arrondis, elle présente maintenant une ligne de découpe proéminente qui s’étend de l’arc avant à l’arrière et de nouvelles grilles dans les ailes avant.

Malheureusement, il n’existe plus d’archives : les documents répertoriant le nombre de voitures construites par Abarth ont été perdus. On ne sait pas exactement combien de coupés (et de spiders) ont été créés (sans doute à peine plus d’une vingtaine) en tant que dérivés Abarth de la Fiat 2100/2300.