La Ford Comete était un coupé quatre places de prestige, de fabrication française produite par Ford Société Anonyme Française (Ford SAF), la division française de Ford de 1951 à 1954. Sans lien avec Ford, elle était dotée d’un V8 peu puissant, d’un design italien signé Farina, produite par Facel et elle a terminé sa carrière sous le logo Simca…

Le projet de François Lehideux, alors président de Ford SAF, était de lancer un coupé de luxe basé sur la berline Vedette, en dehors des directives américaines. Il fit réaliser les premiers prototypes en secret, en collaboration avec les entreprises Stabilimenti Farina et Facel Metallon. Facel, qui n’était pas encore un constructeur de voitures de luxe à l’époque, était un sous-traitant de l’automobile, fabricant de pare-chocs, carrosseries et voitures entières pour Simca dont la SImca 8. L’entreprise de Jean Daninos avait également produit une dizaine de Bentley Cresta entre 1948 et 1949. Le prototype initial portait d’ailleurs le nom de Farina-Facel.

La Ford Comete était équipée d’un moteur 8 cylindres en V de 2,2 litres qui développait l’incroyable puissance de 68 ch ! Il était associé à une boîte de vitesses manuelle à 3 rapports avec une option pour une boîte automatique sur les modèles ultérieurs. La voiture avait un design moderne pour l’époque avec des lignes élégantes et un intérieur en cuir confortable.

Après la présentation de deux prototypes le 17 aout 1951 au Pays Basque, les voitures sortirent pour la première fois de chaînes Facel le 15 septembre de la même année, et aucune d’entre elles ne portaient le logo ovale de Ford ! Ce qui n’a plu à Henri Ford II même s’il a pu apprécié la voiture et a même demandé que quelques exemplaires soient envoyés aux USA.

Les Comètes (à gauche) étaient fabriquées chez Facel, aux côté des Simca Sport (à droite)…

Malgré les caractéristiques avancées et la qualité de construction, la Ford Comete a eu du mal à trouver un marché en France. Les acheteurs potentiels étaient souvent réticents à payer un prix prohibitif  pour une voiture (sous motorisée) fabriquée en France plutôt qu’aux États-Unis ou en Allemagne, d’autant que le contexte économique d’une population française encore affaiblie par la Seconde Guerre mondiale et un marché encore balbutiant.

En 1953, Ford SAF tente de relancer les ventes très faibles de la Comete avec une version équipée d’un V8 passé à 2.4 litres et 80 ch. Puis l’entreprise tente un dernier coup avec la présentation en janvier 1954 au salon de Bruxelles, d’une version plus sportive, la Monte Carlo. Cette dernière, motorisée par le moteur « Mistral » provenant des camions Ford, un V8 de 3.9 litres qui développait 105 ch, était équipée d’une boîte de vitesses manuelle électromagnétique Cotal à 4 rapports Pont à Mousson et de freins à disque à l’avant pour une meilleure performance de freinage.

En raison de ces facteurs et d’autres, les ventes ont été faibles et la production a été arrêtée après seulement quelques milliers d’unités ont été construites.

La Ford Comete Monte Carlo est une version de la Ford Comete produite en France entre 1953 et 1955. Il s’agit d’une version sportive de la Comete, qui a été conçue pour concourir dans les rallyes et les courses de voitures. La Comete Monte Carlo était équipée d’un moteur V8 de 3 litres qui développait une puissance de 105 ch, ce qui lui permettait d’atteindre des vitesses élevées. Elle était équipée d’une boîte de vitesses manuelle à 4 rapports. Elle était également équipée de freins à disque à l’avant pour une meilleure performance de freinage. On la reconnait à sa large calandre « coupe-frites », ses roues à rayons Robergel et sa prise d’air sur le capot.

Les performances de la Comete Monte Carlo ont été remarquables et elle a remporté plusieurs rallyes et courses en France et en Europe, ce qui a contribué à renforcer sa réputation en tant que voiture de sport performante.

Cependant, après que Ford SAF a été reprise par Simca à la fin de l’année 1954 et que la production de la Ford Vedette a été arrêtée, les derniers exemplaires restants de la Ford Comete Monte Carlo ont été vendus sous le nom de Simca Comete jusqu’à épuisement des stocks en 1955. Simca n’a pas pu diminuer le prix de la Comète, qui fut l’une des causes importantes de l’échec de la voiture. Mais Simca tente de rentrer dans ses frais en rognant sur la finition des modèles : le skaï remplace le cuir sur les panneaux de portes et pour le ciel de toit. Aussi, les jantes à voile plein reçoivent des enjoliveurs repris sur la Simca Trianon, et l’antivol de direction disparaît.

Mais la Comète appartenait déjà au passé et sa commercialisation disparaît dans le plus grand silence au cours de l’été 1955, après que Simca eu produit quelques dizaines d’unités supplémentaires.

Sur les 3 années de production, 2265 Ford Comète auront été fabriquées dont 699 Ford Comète Monte-Carlo. On estime à une cinquantaine les exemplaires survivants.

Par ailleurs, seuls deux cabriolets auraient été construits, aujourd’hui disparus…
L’exemplaire présenté ici est encore plus particulier. Lors d’une restauration de premier ordre, une Comete Coupé a été reconstruite avec une capote sur mesure et un V8 Ford Mistral plus puissant.

On a malheureusement perdu la trace des deux seuls cabriolets jamais fabriqués et c’est pourquoi le propriétaire actuel de cette auto a eu l’idée de recréer une Comète cabriolet, puis de la motoriser comme la la version Monte Carlo. Lors de la restauration, la calandre de la première série de la Comète a été conservée. Le châssis a été renforcé pour la conversion et le moteur Ford V8 de 3,9 litres peut désormais produire facilement tout son couple à bas régime sans aucun problème ni torsion dramatique du corps.
Comparé aux modèles Cisitalia et Simca Sport avec de petits moteurs Fiat 1100, le V8 à soupapes latérales a l’air massif, mais il s’intègre bien dans la Ford française. Un fait amusant est que le V8 était une invention française, par Léon Levavasseur. Et même si les performances ont augmenté, l’apparence et la convivialité de la voiture sont restées aussi discrètes que jolies, tout comme les concepteurs de Farina l’avaient prévu en premier lieu.