Après-guerre, le tout premier salon automobile anglais doit ouvrir à Londres, à Earls Court, le 28 octobre 1948. Quelques mois plus tôt, les dirigeants de Jaguar se rendent compte que la berline Mk VII qu’ils comptaient présenter ne sera pas prête à temps. Ils décident en toute hâte de faire élaborer une voiture de sport pour habiller le tout nouveau châssis à roues avant indépendantes (raccourci de 50 cm !) et son moteur 6-cylindres à bloc fonte et culasse alu à double arbres à cames en tête. Il faut bien faire patienter la presse !

C’est ainsi que naît la Jaguar XK 120, un prototype de salon qui va devenir une icône automobile majeure du XXe siècle, et un best-seller de la marque. Le moteur de 3 442 cc délivre 160 ch et permet à l’engin d’aller chercher les 120 miles per hour « compteur », d’où son nom. XK 120.

Il faut dire que les lignes du roadster couleur bronze (et équipés de ses roues tôle et des fameuses spats) qui se dévoile sur le stand Jaguar au salon de Londres sont particulièrement affinées, taillées par le vent, avec son inimitable pare-brise en V. Le châssis #660 001 fait le tour des salons et achève de séduire les amateurs de sportives anglaises, notamment les américains. D’autant plus quand le patron de la firme, William Lyons, lance l’engin dans une série de records de vitesse, où que la voiture fait un doublé pour sa première course officielle. Les 240 premiers exemplaires seront réalisés, comme le prototype, en aluminium, avant que des questions de coût n’obligent l’usine à construire les suivants en acier avec quelques éléments encore en aluminium. Ils sont désormais introuvables et peuvent être échangés à des prix élevés. Le principal marché était celui des États-Unis qui vouaient un véritable culte à cette voiture.. En 1951, le sublime roadster est secondé par un coupé, un dessin qui achève de magnifier le dessin de William Lyons.

La XK 120 était initialement prévue pour une production limitée afin de tester le nouveau moteur Jaguar à double arbre à cames en tête désigné par les initiales XK. À l’époque, cette architecture de moteur n’était pas adaptée à la production de masse, mais plutôt aux voitures performantes. La prouesse de Jaguar a été de décliner cette mécanique au grand public avec des performances importantes ainsi qu’une excellente fiabilité.

La Jaguar XK120 sera d’abord proposée en version Roadster, puis elle sera déclinée en version Coupé et Cabriolet.

Le châssis avait été emprunté à la berline de l’époque. Il était destiné à être utilisé pour les voitures lourdes. Ce surdimensionnement donne une réelle rigidité au XK et,combiné à la suspension avant indépendante, offrait une excellente maniabilité et un excellent confort.

Avec une vitesse de pointe enregistrée à l’époque à 1120 mph (93 km/h), cette automobile peut revendiquer des performances toujours d’actualité. Quant aux moteurs, ils ont prouvé leur qualité pendant 38 ans de production. Pour beaucoup, la famille XK120 reste la carrosserie la plus pure, la plus rare et la plus désirable.

Économiquement, Jaguar était un véritable défi. Pour 1 263 livres, cette sportive était une aubaine. Ce calcul intelligent est celui de William Lyons qui construisait avant les guerres de grosses carrosseries luxueuses ressemblant à des Bentley, mais sans leurs performances ni leur pedigree. Cette nouvelle voiture élégante, sportive et d’un genre nouveau propulsera Jaguar au sommet des 24 Heures du Mans pendant trois années consécutives. Elle apportera une jeunesse à la marque et une voiture iconique dans l’histoire de l’automobile.

Après 6 ans de commercialisation et 12 061 exemplaires sortis des chaînes, la vénérable firme anglaise remplace la XK 120 par la 140, une évolution, plus moderne et bourgeoise du concept.