La Maserati 150 GT a été développée avec comme objectif initial de remplacer la lignée de voitures de route A6. L’ingénieur en chef Giulio Alfieri était responsable du projet réalisé sous le patronage du département course de Maserati. Le projet visait à créer une voiture sportive et routière pour être vendue en grand nombre à des clients fortunés à l’image de la Porsche 550 Spyder.

Le châssis de la 150 GT prototype a ainsi été récupéré sur la voiture de course Maserati A6 GCS/53, voiture d’usine pilotée par Luigi Musso qui l’avait menée plusieurs fois en 1954 sur les podiums : Champion d’Italie en catégorie 2 litres, 3eme toutes catégories aux « Mille Miglia » et vainqueur de sa classe lors de la « Targa Florio ». Entre temps le châssis a également servi, après des modifications notables, comme prototype de la nouvelle voiture de course Maserati 3000 S, puis remisé pendant près de 18 mois avant d’être affecté au fameux projet 150 GT.

Pour recevoir un plus petit moteur quatre cylindres, le châssis est une nouvelle fois modifié. Cemoteur, dérivé du moteur de course 150S (4 cylindres développant une puissance de 190 chevaux à 7 500 tours/minute), est entièrement en alliage léger. La boite de vitesses manuelle à 4 rapports est celle de la A6GCS/53. Le radiateur vient de la Maserati 200S, la pompe à huile est celle de la 150S, et les freins arrière proviennent de la A6GCS.

Contrairement à l’habitude, et sans doute parce que c’est le département course de Maserati qui s’occupe du projet 150 GT, le carrossier sollicité pour habiller la nouvelle voiture ne sera pas choisi parmi les habituels fournisseurs de Maserati tourisme tels Frua, Zagato ou Allemano. Maserati expédia alors le châssis à la carrosserie Fantuzzi afin que les artisans experts créent l’extérieur de la voiture. Le choix se porta sur une configuration spider à base de panneaux en aluminium « lightweight ». Et il va être particulièrement inspiré. Le résultat est un cabrioletdeux places avec conduite à droite parfaitement réussi où l’on retrouve à la fois les lignes d’un Frua et une grille de calandre très typée Zagato.

Dès les premiers essais la Maserati 150 GT s’avère être une voiture « bien née » avec de très bonnes qualités routières et des performances tout à fait dignes d’une Maserati et la direction du Trident prit en compte une production en série. Compte tenu de ses caractéristiques, de ses performances et de sa grande beauté, la Maserati 150 GT aurait pu, en effet, récolter un énorme succès sur le marché.
Malheureusement elle est trop complexe et surtout trop couteuse à fabriquer en série de par l’emploi de composants spécifiques de course et la nécessité de leur adaptation. Dans l’immédiat il est donc décidé de décaler l’éventuelle production du modèle 150 GT spider après le lancement de la Maserati 3500 GT sur laquelle la marque souhaitait concentrer ses efforts. Le prototype 150 GT n’est donc pas exposé dans un salon automobile mais Maserati le fait, de temps en temps, essayer par des clients importants ou par quelques journalistes spécialisés.

La voiture est restée invendue et a été entreposée dans une usine pendant quelques années. Après la dernière démonstration publique, l’unique modèle 150 GT est finalement vendu à l’importateur Maserati de Londres à la fin des années 1960.
Sans quitter la Grande Bretagne, la voiture change plusieurs fois de mains avant d’être achetée par un collectionneur allemand en 1993. Elle est à nouveau vendue en 2006 à un autre collectionneur qui, après de méticuleuses recherches fait faire une restauration complète. A cette occasion le moteur reçoit une augmentation de sa cylindrée qui passe à 1994 cc ce qui lui donne une puissance maxi de 190 ch à 7 200 t/mn et surtout un confort de conduite bien amélioré.

En novembre 1966, elle est proposée à la vente dans un magazine Motor Sport pour 1 400 £. En 1993, la 150 GT ainsi qu’une O.S.C.A ont été échangées à un collectionneur allemand en échange de son Aston Martin DB4 GT.
Après 2006, la voiture a été restaurée en profondeur sur une période de trois ans et a ensuite été présentée à la vente aux enchères de Gooding & Co Scottsdale en janvier 2013 où elle trouve un nouveau propriétaire autrichien pour une somme un peu supérieure à 3 millions de $.

Cet exemplaire unique est considéré à l’heure actuelle comme l’un des modèles les plus précieux de l’histoire Maserati.