La Maserati A6G/54 fut la dernière itération du modèle initial de sa voiture de grand tourisme présentée au salon de l’automobile de Genève 1947. l’A6G 2000 Gran Turismo, communément appelée A6G/54 pour la distinguer de sa devancière, était propulsée par un nouveau six cylindres en ligne à double arbre à cames en tête, dérivé des moteurs de course des A6GCS et A6GCM, avec une cylindrée totale de 1985,626 cc. Alimenté par trois carburateurs Weber DCO à double corps, il développait 150 ch (112 kW) à 6 000 tr/min, ce qui donnait à ces voitures une vitesse de pointe comprise entre 195 et 210 km/h. Le double allumage ajouté en 1956 a augmenté la puissance à 160 ch (119 kW).
A signifiait Alfieri (Maserati) et 6 le nombre de cylindres. 60 Maserati A6G sont produites jusqu’en 1957, habillées par les carrossiers italiens Pininfarina, Zagato, Allemano, Frua, Ghia, Vignale, ou Bertone…

Parmi les 21 carrossés par Zagato, le châssis 2101 présenté ici l’unique exemplaire de la carrozzeria produit sous la forme spider doté de finitions luxueuses : elle fut exposée au Salon de l’automobile de Genève de 1955, dans une finition Grigio Piombo (gris plomb) et comportait un capot plat standard, des ailes sans ornements, un grand trident chromé qui s’étendait sur la calandre et deux antibrouillards encastrés. L’habitacle était entièrement habillé en daim.

Elle a alors attiré l’attention du dictateur argentin Juan Peron et de son épouse Evita. Il exigea néanmoins quelques modifications comme une calandre plus fine et une prise d’air sur le capot, la suppression des feux antibrouillard, des ouïes d’aération rayées, un nouveau pare-brise et une nouvelle couleur du gris plomb (Grigio Piombo) d’origine à un gris-bleu (Blu Algisto Scuro).

Les modifications furent réalisées à l’usine, mais le changement de situation politique en Argentine empêcha Peron d’en prendre possession et la commande fut annulée. La voiture resta stockée à l’usine Maserati jusqu’en 1958, et présentée au Salon de Paris de la même année.
A l’automne 1958, le concessionnaire Maserati français Thepenier présenta la #2101 à Paris et trouva un acheteur – un employé de l’ambassade américaine du nom de Louis W Schroeder. Il en prend livraison en avril 1959 et conduit rapidement la voiture pour assister aux 24 Heures du Mans 1959.

Un an plus tard, le Spider est vendu au lieutenant-colonel Sherod Santos, qui servait alors dans l’armée de l’air américaine à la base aérienne de Châteauroux en France. Il a demandé à Maserati de reconstruire le moteur, mais n’était pas satisfait de ces efforts et a demandé à un spécialiste français de refaire le travail. La voiture l’a suivi aux États-Unis mais les problèmes de moteur ont persisté, avec un nouveau joint de culasse et des soupapes d’échappement commandés à l’usine.

La voiture a été revendue à un inconnu, avant de se retrouver sous la gérance de George Sackman de Californie. Il l’a gardé 12 ans, et l’a repeint en rouge. Angelo Ferro, de Californie, en a pris possession en 1980, mais a rarement utilisé la Maserati au cours des 20 années suivantes. En 2001, Genoa Racing de San Francisco a restauré la voiture selon les spécifications Perón, un processus qui a duré deux ans.

En avril 1960, Sherod Santos acheta la voiture – et eut apparemment beaucoup de problèmes avec elle. En 1966, il la revent à un acheteur inconnu, qui l’a ensuite cédée à George Sackman en 1968 ; ce dernier a tout de même conservé la #2101 jusqu’en 1980. Il ne l’a pratiquement jamais conduite, mais l’a fait peindre en rouge. Le propriétaire suivant connu fut Angelo Ferro, qui fit entièrement restaurer la voiture, et la présenta en 2003 à Pebble Beach. En 2013, RM Sotheby’s a vendu le véhicule aux enchères à New York pour 4 455 000 $.

Vendue en aout 2022 pour un prix non dévoilé…