Baptisée en hommage de la victoire d’une Cooper-Maserati au Grand Prix du Mexique en 1966, la Maserati Mexico fit ses débuts au Salon de Turin en 1966. Remplaçant le coupé quatre places à moteur six cylindres Sebring, la nouvelle sportive à moteur V8 de Maserati arborait une élégante mais très discrète carrosserie due à la carrozzeria Vignale, le carrossier en titre de Maserati. La Mexico s’adressait à une clientèle à la recherche d’une quatre place luxueuse mais qui désirait une voiture plus sportive que l’encombrante berline Quattroporte.

Monté dans la Mexico, le V8 de 4 719 développait 290 ch, ce qui autorisait une vitesse de pointe de 225 km/h, bien que certaines sources la créditent de 240 km/h. Une version 4, 2 litres, plus économique, fut également proposée, qui, bien que ne fournissant que 260 ch, était à peine moins rapide. En dehors de son essieu arrière rigide, le soubassement de la Mexico reprenait celui de la berline Quattroporte contemporaine, avec une suspension avant indépendante à double triangulation, des freins à disque aux quatre roues, une boîte ZF cinq rapports en série et une transmission automatique en option. La production de la Mexico prit fin en 1973 après 480 exemplaires construits, faisant passer la Ghibli contemporaine (1 274 unités) pour un modèle de masse.

La voiture présentée ici n’a cependant rien d’une Mexico de série, car il s’agit d’une création exclusive de Frua, la plus séduisante de deux propositions différentes. La relation entre le styliste Pietro Frua et Maserati ne datait pas de la veille et avait donné lieu à un certain nombre de créations sur mesure qui comptent parmi les plus élégants des modèles hors série ornés du trident. Après deux superbes 5000 GT, il était normal que la Mexico retienne son attention. Il créa trois voitures, dont l’une reprenait une carrosserie de Mistral modifiée et n’a de ce fait sans rapport avec les deux autres, à la carrosserie similaire mais au traitement de l’avant complètement différent. De ces deux dernières, l’autre, 112.1.101, arbore un avant avec des phares étranges et un 4,2 litres, contrairement à ce qu’affirment certains rapports erronés.

Selon ce qu’indiquent des recherches, ce Châssis (112.1.103) semble avoir été envoyée en toute hâte chez Frua pour y être carrossée. En fait, selon l’archiviste et historien interne de longue date de la marque, Ermano Cozza, le moteur n’était pas en état de fonctionner, car on était en retard pour l’ouverture du Salon de Genève 1968, où elle devait figurer en première mondiale sur le stand Frua.

Son dessin était plus harmonieux que celui de la voiture de série, reprenant les lignes générales de la Mexico, mais, alors que celle-ci est légèrement arrondie à la « Gordon-Keeble », la Frua est plus tendue et rappelle par certains côtés la Quattroporte I et cette autre création à l’origine de ses gènes, la 5000 GT de l’Aga Khan dont elle est la descendante naturelle. Pietro Frua n’a malheureusement laissé aucun commentaire sur ce qui semble être un de ses meilleurs dessins…

Après le Salon de Genève, elle resta chez Frua – et n’était pense-ton toujours pas en état de rouler – jusqu’en décembre 1969 quand elle fut retournée à l’usine Maserati, et fut finalement vendue le 24 mars 1970, deux ans après sa présentation à Genève, à Auto Paris (l’importateur espagnole, basé à Barcelone). Bien que des photos d’époque à l’usine la montrent sur des roues fils Borrani, elle était équipée de jantes en étoile Elektron. Son équipement comprenait également la direction assistée, l’air conditionné et la radio.

Adjugée 621 000 € en 2015 à Chantilly.