Présentée lors du Salon de Paris en octobre 1947, la Peugeot 203 a relancé l’activité du constructeur français. Elle fut déclinée en plusieurs versions par la suite : après les évolutions berline, puis berline découvrable, la 203 Cabriolet fit à son tour son apparition à l’occasion du Salon de Paris de 1951. Elle fut construite en 2’567 exemplaires, sa production étant stoppée en octobre pour faire place à la nouvelle 403.

Garagiste de la région de Mulhouse, Roger Dillmann acquit un exemplaire de la Peugeot 203 Cabriolet produite en 1955 et entreprit un important travail de transformation qui dura pas loin de deux ans afin de l’affûter pour la compétition : fortement rabaissée, avec une ligne affinée, la voiture se dotait également d’un compresseur qui lui procurait une puissance de 95 ch. Fortement modifiée, cette 203 « Spéciale » RG (pour Roger Dillmann) fit même l’objet d’une homologation : elle st réceptionnée aux Mines en 1957 et possède sa propre carte grise. Elle a participé à la première course de côte de Turckeim en 1957 en terminant à la 4ème place.

Le véhicule est construit sur les soubassements d’une Peugeot 203, dont il reprend l’empattement. La ligne générale est fortement surbaissée, les ailes bien que d’un galbe proche sont plus élancées que sur une berline ou cabriolet. Les portières à ouverture « suicide » présentent, tel que sur une berline mais contrairement au cabriolet « usine », des charnières apparentes. L’ouverture de celles-ci se fait uniquement de l’intérieur.
La poupe du véhicule présente une longueur très importante, l’espace en arrière des deux sièges n’est accessible que par l’intérieur.

Le pare-brise d’origine, qui a connu plusieurs versions, laisse place à une paire de saute-vent Brooklands, associés à un déflecteur central. Les rétroviseurs obus Tex et le bouchon de carburant type « aviation » sont également spécifiques. La calandre semble issue d’une Ford Vedette Vendôme, et porte les initiales de son concepteur, RD.
Les éléments d’éclairage – optiques Ducellier, feux Labinal – ainsi que le pare-chocs arrière en inox restent d’origine, tandis que l’élément avant a été supprimé.
Le véhicule est posé sur des jantes à rayon Robergel, portant sur le papillon l’insigne de Roger Dillmann.

Les lames de ressort ont bénéficié d’un original système d’antiroulis, imaginé par Gerard Dillmann. La crémaillère de direction porte le numéro F29471.
La sellerie se compose de deux baquets montés sur glissière recouverts de cuir caramel, ainsi que les panneaux de portes, sangles d’ouverture, soufflet de levier de vitesse et cadre de baie arrière. Les peaux apparaissent épaisses et lisses au toucher. Les tapis de sol en velours bleu reprennent la nuance de la carrosserie.

Un intéressant kit Nardi agrémente le véhicule, le passage de vitesses se faisant ainsi au plancher. Le volant bois ainsi que le pommeau en aluminium présentent des stigmates témoignant du passé du véhicule.

Le véhicule a bénéficié d’une réception à titre isolé, sous le numéro 355568, tel qu’identifié sur la plaquette. Il s’agirait donc du 35ème véhicule réceptionné dans le département du Haut-Rhin en 1955. Le véhicule ne possède pas de frappe à froid.
Au contraire de certaines fabrications artisanales contemporaines, ce véhicule par sa finition et son allure s’inscrit dans la lignée des créations d’autres grands carrossiers, notamment Pourtout.

Pour l’anecdote, cette voiture fut également de sortie pour le mariage du fils de Gérard Dillmann, un certain Tom Dillmann, pilote de calibre international, et aujourd’hui acteur du championnat électrique de Formule E. L’histoire familiale se poursuit…

Ce modèle unique a été vendue 114 000€ en mars 2021.