La Renault Frégate est une berline grande routière de la marque Renault, présentée à la presse au Palais de Chaillot à Paris le 30 novembre 1950 par Pierre Lefaucheux, administrateur général de la Régie Renault.
Renault l’expose enfin au Salon de l’automobile en Octobre 1951 puis commence à la commercialiser à la fin de l’année. La Frégate a été produite en France à Billancourt puis à l’usine Renault de Flins dans les Yvelines, nouvellement créée.

Ses lignes sont plus tendues que celles de sa contemporaine 4 CV, mais les ailes arrière restent superbement dessinées en relief. Inspirée dans son design par un style plus américain, Renault Frégate est très spacieuse, et peut accueillir jusqu’à 6 passagers.
Le 4-cylindres de 1 996 cc accède enfin à la modernité avec une culasse à soupapes en tête. Fiable mais pas vraiment un foudre de guerre, il développe 65 ch et suffit à mouvoir la grande berline nouveau fleuron de la marque au Losange.
L’habitacle était en revanche très vaste (grâce au changement de vitesse au volant et au plancher plat), avec deux banquettes pouvant accueillir six personnes, et un coffre volumineux. Elle disposait d’une excellente tenue de route grâce à ses quatre roues indépendantes et d’un excellent freinage grâce aux freins Bendix à commande hydraulique. Seule la direction, assez lourde, et la boîte de vitesses (type 277) au maniement assez dur venaient noircir le tableau.

Renault songe bientôt à une extrapolation en cabriolet et fait appel à son carrossier privilégié en Italie, Ghia, qui lui dessine un prototype appelé «Ondine», et dont la ligne ressemble étrangement à la Volkswagen Karmann Ghia de la même époque. La presse automobile de l’époque est unanime : il faut que les plus grands carrossiers français se penchent sur le cas de la nouvelle berline. Pichon-Parat sera le premier dès 1952 à carrosser une Frégate en cabriolet 2-portes. S’ensuivront des plus grands noms tels que Letourneur & Marchand, Mignot & Billebault puis Henri Chapron. Parmi les carrossiers à avoir travaillé sur la Frégate, Letourneur & Marchand est certainement celui qui en a réalisé le plus, puisqu’il fabriqua 69 cabriolets, entre 1953 et 1959. Ces Renault Frégate Cabriolet seront réalisées à l’unité et par conséquent toutes uniques.

 

En avril 1957, Renault Frégate Cabriolet passera du statut de voiture d’exception à celui de véhicule royal (carrément !). En effet, c’est dans une Frégate Cabriolet Chapron que la Reine du Royaume-Uni Elizabeth II sera véhiculée lors d’un voyage officiel en France. Sa Majesté en profita pour visiter la toute nouvelle usine de Renault, située à Flins, à environ 40 km de Paris (où était produite Frégate).

Ces rares Frégate seront réalisées de façon artisanale, rendant le processus de production long et coûteux, et la voiture ne fut donc disponible que sur commande. Parmi ses principales modifications, la Frégate voit sa calandre élargie, son toit équipé d’une capote en toile, ses chromes s’affirmer, tandis qu’elle est dotée de nouveaux optiques à l’avant comme à l’arrière. L’habitacle est plus sophistiqué avec une finition soignée bien qu’il reprenne la totalité des composants de la version classique.

Côté mécanique, elle utilise la même motorisation que la Frégate Berline. L’arrêt de la Frégate signe bien sûr la fin de ces élégants cabriolets, mais aussi la fin de Letourneur & Marchand, grand carrossier français qui ne survivait que par ce contrat avec Renault. Le tout dernier exemplaire fut commandé par la Régie à l’occasion de la visite du Prince Rainier de Monaco, et fait encore aujourd’hui partie de la collection du défunt prince. Avant cela, un autre cabriolet Frégate Letourneur & Marchand avait eu l’honneur de véhiculer la Reine Elisabeth II d’Angleterre, à l’occasion d’une visite officielle ! Il est aujourd’hui difficile de savoir combien de cabriolets ont survécu.

Le modèle présenté ici, équipé de roues Robergel et de nombreux accessoires Robri et immatriculé en novembre 1959, est l’un des tout derniers fabriqués, et l’un des huit réalisés sur base de Frégate Transfluide. L’ensemble Transfluide améliore l’agrément de conduite grâce à un convertisseur de couple hydraulique et un embrayage électromagnétique. Ces Renault Frégate « boostées » portaient l’inscription «Transfluide» sur les ailes et sur l’emblème au centre du capot.

Comptez de 80 000 à 100 000 €