La Renault Frégate fut présentée à la presse au Palais de Chaillot à Paris le 30 novembre 1950 par Pierre Lefaucheux, Administrateur général de la Régie Renault, avant d’être officiellement lancée au Salon de l’auto 1951.
Ses lignes sont plus tendues que celles de sa contemporaine 4 CV, mais les ailes arrière restent superbement dessinées en relief. Le 4 cylindres de 1 996 cc accède enfin à la modernité avec une culasse à soupapes en tête. Fiable mais pas vraiment un foudre de guerre, il développe 65 ch et suffit à mouvoir la grande berline nouveau fleuron de la marque au Losange.

Renault songe bientôt à une extrapolation en cabriolet et fait appel à son carrossier privilégié en Italie, Ghia, qui lui dessine un prototype appelé «Ondine», et dont la ligne ressemble étrangement à la Volkswagen Karmann Ghia de la même époque. Le modèle est dessiné par Luigi Ségré et présenté au salon de Paris 1953, construit sur la base d’une Frégate Amiral avec une carrosserie en acier. Voiture de luxe oblige, la Frégate Cabriolet se dote d’un équipement complet avec, entre autres, une radio, un intérieur en cuir et un lot de bagages en cuir ! Hélas, le prix trop élevé de la voiture met un terme à un quelconque avenir commercial, d‘autant que la voiture avait été réalisée de manière artisanale et ne pouvait être dupliquée en petite série.

Toutefois, la vie de la Frégate cabriolet n’est pas encore terminée, car chez la Régie, un atelier pilote se met en quête d’obtenir le savoir faire nécessaire dans une nouvelle matière que l’on commence alors à voir apparaître sur les carrosseries automobile : les matières synthétiques. Un atelier secret est formée dans les sous-sols de l’usine de Flins et Renault embauche le personne de Rosengart qui venait de fermer et qui fabriquait avant sa liquidation deux modèles à carrosserie en matière synthétique : l’Ariette et la Marathon.

L’une des premières missions de cet atelier fut de construire des Frégate Cabriolet en reprenant le modèle conçu par Ghia mais avec une carrosserie en matière synthétique. Le cahier des charges est lourd car le projet doit, d’une part, être réalisé avec comme optique l’industrialisation de la voiture, d’autre part, la carrosserie devra avoir la précision et la rigidité d’une carrosserie en acier.

Une étude loin d’être évidente mais cet atelier secret arrive à produire quatre à cinq Frégate à carrosserie en polyester réalisées à l’aide de moules en 1954; ces carrosseries sont ensuite montées sur un châssis de Frégate. L’un de ces exemplaires de Renault Frégate Ondine fut confié à Jacques Godet pour le Tour de France cycliste 1955. Renault aurait, semble-t-il, envisagé une commercialisation du modèle avant de se rétracter pour une cause inconnue.

La presse automobile de l’époque était unanime : il fallait que les plus grands carrossiers français se penchent sur le cas de la nouvelle berline. Pichon-Parat sera le premier dès 1952 à carrosser une Frégate en cabriolet 2 portes. S’ensuivront des plus grands noms tels que Letourneur & Marchand, Mignot & Billebault puis Henri Chapron.

Carrosserie Pichon Parat

Parmi les carrossiers à avoir travaillé sur la Frégate, Letourneur & Marchand est certainement celui qui en a réalisé le plus, puisqu’il fabriqua 67 cabriolets, entre 1954 et 1959. Ce sera également le dernier modèle proposé par ce carrossier avant de disparaître.

La Régie ne comptera plus de cabriolet dans sa gamme jusqu’en 1983 (cabriolet Alliance).

Malgré des défauts de jeunesse évidents, sous-motorisée, mais dotée d’un excellent freinage et d’un très grand confort, la Frégate dotée à partir de 1956 d’un moteur plus robuste aurait mérité plus d’attention. Malgré toutes ces améliorations et une fiabilité enfin présente, les ventes du haut de gamme de Renault n’étaient pas à la hauteur des attentes, surtout depuis la sortie de la DS 19 de Citroën.

Elle a été utilisée par de nombreux services ministériels et officiels, (et pas seulement la police et la Préfectorale) comme voiture de grande liaison pour les officiers généraux ; elle a connu des versions bicolores et de jolis coupés et cabriolets fabriqués à la demande par des carrossiers privés, souvent équipées de roues à rayons Robergel.

Une version spéciale carrossée par Ghia, en limousine avec rehausse du pavillon, a été utilisée par la présidence de la République en 1958.

La production de la Frégate cessa en avril 1960 après environ 180 000 exemplaires.