D’abord appelée Rover « 3 litres » en raison de son moteur à six cylindres en ligne droite de 2 995 cc, la P5 a été lancée en 1958 et inaugure une structure monocoque, la première du constructeur, beaucoup plus moderne que la vieillissante P4. Cette élégante berline familiale de 115 ch s’avérait assez performante (même si elle mettait plus de 17 secondes pour atteindre 100 km/h) et profitait de cette ambiance si typiquement british qui a longtemps fait l’attrait des voitures anglaise, faites de cuir, de bois, de chromes. Sa ligne est signée David Bache, à qui l’on devra plus tard le Range Rover.

La MKII est lancée en 1962, apportant 14 ch supplémentaires (soit 129 ch) et une suspension nettement améliorée. La version « Coupé » arrive plus tard dans l’année, offrant une ligne de toit surbaissée de 7 cm tout en conservant les quatre portes. et profite ainsi d’une ligne magnifiée. Plus chère que la berline mais mieux équipée, elle représente rapidement 25 % des ventes. Une seconde mise à jour a lieu en 1965, portant notamment le bloc à 134 ch, mais celui-ci est en bout de développement.

La solution viendra des Etas Unis puisque Rover y récupère un V8 tout alliage de General Motors, dit BOP 215 (pour Buick/Oldsmobile/Pontiac, 215 indiquant la cylindrée en pieds/cube, soit 3,5 l). Pour la petite histoire, ce moteur a été le premier turbocompressé de série sur l’Oldsmobile Cutlass Jetfire en 1962. Trop cher à fabriquer et souffrant de quelques ennuis de refroidissement, il est abandonné en 1963 par le groupe américain qui accepte de le céder, avec son outillage, à Rover en 1965.

Après un gros travail de fiabilisation, ce 3,5 l atterrit à l’automne 1967 dans la P5 renommée P5B (pour Buick). Plus léger de près de 100 kg que l’ancien 6 cylindres, il offre aussi 26 ch de plus (160 au total), ce qui profite à tenue de route (moins de poids sur l’avant) comme aux performances. Pourtant, il s’attèle uniquement à une boîte automatique Borg-Warner à 3 vitesses, alors la seule chez Rover capable d’encaisser son couple. Ainsi motorisée, la MKIII d’octobre 1965 apporte plus de puissance et de luxe, notamment sous la forme de sièges arrière individuels au lieu de la banquette à laquelle les acheteurs étaient habitués.

Guidée par la direction assistée à rapport variable Hydrosteer, P5B est une voiture étonnamment moderne à conduire, malgré l’allure quelque peu statique de la berline, qui convenait parfaitement à sa clientèle « chapeau melon et bottes de cuir ». La P5B de 161 ch pouvait atteindre 185 km/h après avoir franchi le cap des 100 km/h en un peu moins de dix secondes.

Au total, quelque 20 519 P5B trouvent preneurs jusqu’en 1973, dont 11 501 berlines et 9 018 coupés. Parmi ces derniers, seuls 402 sont sortis en conduite à gauche.

Avec un V8 dérivé de Buick que Rover a modifié pour en améliorer la robustesse et la fiabilité, la P5B était la dernière itération et la meilleure du lot. C’était la voiture de choix pour le transport du gouvernement britannique dans les années 70 et 80.
Typiquement britannique et prestigieuse dans tous les sens du terme.

Comptez de 15 à 25 000 €.