Lancée au salon de l’automobile d’Earls Court en 1957, la Type 14 « Elite » y fait sensation : elle est la première Lotus de Grand Tourisme issue de l’expérience de course de Lotus. Elle représente une étape importante dans l’histoire de la marque et marque la première incursion sérieuse dans la production de voitures de série. Elle lui apportera la notoriété, même si la voiture ne sera pas rentable financièrement. Elle coûtera plutôt de l’argent à Colin Chapman, qui se plaindra ultérieurement que chaque exemplaire lui aurait coûté 100 £. Mais l’Elite marquera l’histoire automobile par le caractère révolutionnaire de sa caisse.
Le révolutionnaire châssis monocoque est fabriqué en fibre de verre est propulsé par le moteur Coventry Climax puissant et léger. Le faible poids à vide permettait des performances fougueuses, une excellente tenue de route et un plaisir de conduite inégalé.

Pureté des formes, volumes clairs et capot plongeant, la superbe ligne de la Lotus Elite est due à un amateur passionné de design et ami de Colin Chapman, Peter Kirwan-Taylor. Son travail a été revu par l’aérodynamicien Frank Costin, notamment responsable de la poupe tronquée. D’où un excellent Cx de 0,29. A noter que les glaces de l’Elite ne descendent, ni ne coulissent : elles sont amovibles et se rangent dans une poche disposée dans le dossier des sièges…

En septembre 1959, apparaît la Série 2, dont la suspension a été modifiée afin de supprimer le braquage dû au caractère flexible des tirants. L’année suivante, Chapman lance la version SE (Special Equipment) équipée d’un arbre à cames et d’un collecteur d’échappement différents. Avec 85 ch obtenus à 6500 tr/mn, la SE file à 185 km/h grâce à ses qualités aérodynamiques et de légèreté (640 kilos), le 0 à 100 km/h étant couvert en dix secondes (400 mètres départ arrêté en 17,2 secondes). La voiture reçoit par ailleurs une boîte de vitesses ZF à quatre rapports synchronisés.
Une version Super 95 est proposée en 1962. Appellation trompeuse, car, en réalité, la puissance est ramenée à 80 ch (au régime inférieur de 6100 tr/mn). Mais l’Elite sera proposée tout au long de sa carrière avec des motorisations plus poussées allant jusqu’à 105 ch à 8000 tr/mn grâce à deux carburateurs Weber double corps (au lieu du simple SU de la version normale) et à une distribution plus pointue.

Conçue dans un esprit compétition, l’Elite n’est cependant pas exemptes de défauts. Il faut dire que Colin Chapman n’avait aucune expérience de la construction de modèles de production avant de la lancer. Elle vibre beaucoup et s’avère très bruyante, la carrosserie en plastique faisant caisse de résonance. Voiture pointue pour amateurs avertis, la Lotus Elite a également souffert d’une fiabilité sujette à caution, sans parler de son entretien délicat et coûteux.

En revanche, l’Elite jouit d’un comportement routier formidable, proche de celui d’une voiture de course : remarquable tenue de route, direction précise et directe, freinage puissant. Très chère car coûteuse à construire, elle sera produite de 1958 à  1963 à 1030 exemplaires. Elle sera vendue en kit à partir de 1961, ce qui permettra d’en réduire considérablement le prix.

Dès sa sortie, la voiture s’est avérée un succès immédiat sur le circuit avec des personnalités comme Jim Clark, Trevor Taylor et Les Leston qui se sont révélées pratiquement imbattables dans la catégorie des moins de 1500 GT dans les courses du British Club. L’Elite était cependant bien plus qu’une simple machine de sprint, comme en témoigne le remarquable 8e au général (et 1er de sa catégorie) obtenu aux 24 Heures du Mans 1959 par Peters Riley et Lumsden.

La Lotus Elite s’est forgé un palmarès flatteur en compétition, glanant de nombreuses victoires de classe. Son appétit d’oiseau lui a également permis de s’adjuger par deux fois l’indice énergétique aux 24 Heures du Mans (en 1960 et 1962). La consommation moyenne ne dépassait guère 15 litres aux 100 kilomètres avec une vitesse supérieure à 220 km/h en pointe !

Comptez de 60 à 80 000€