Après la guerre, Fiat mis en chantier un projet de moteur V8, connu en interne sous le code Tipo 106. Ce moteur était destiné à une production en grande série mais en raison des taxes sur les grosses cylindrées rapidement mises en place par le gouvernement italien, le projet fut abandonné. Ou presque. En effet, si un V8 à 90° ne pouvait rentrer sous le capot de la berline 1400, avec un angle plus fermé de 70°, l’opération devenait envisageable. Ce nouveau moteur tout en aluminium est dérivé de deux petits 4 cylindres dont on a monté le bloc dans le même carter. C’est ainsi que la cylindrée totale n’excède pas 2 litres. L’arbre à cames est disposé au centre et l’alimentation est assurée par 2 carburateurs Weber double corps. Implanté longitudinalement à l’avant, il développe initialement une puissance maxi de 105 à 6000 t/mn et un couple de 146 Nm. Adapté aux hauts régimes avec sa course courte, ce V8 miniature affiche un taux de compression 8.5:1. Le moteur est accolé à une boîte de vitesse manuelle à 4 rapports synchronisés (sauf la 1ère) et peut flirter avec les 200 km/h ! Sur l’autoroute Milan-Turin, Carlo Salamano, pilote d’essai Fiat, atteindra 208 km/h au volant d’une 8V équipée du moteur Competizione, dont la puissance été poussée à 126 ch. Le reste des caractéristiques est très classique puisque les freins, non assistés, sont à tambours et la direction à vis et galet.

En 1954, après avoir produit seulement 34 voitures, Fiat lance au salon de Turin la seconde série de 8V, avec une carrosserie-coque en fibres de verre de 3mm d’épaisseur ne pesant que 48,5 kg. La face avant se reconnait facilement à ses doubles optiques (phares + longue portée) en escalier, repositionnés pour se conformer au règlement GT. La grille de calandre est un peu moins ostentatoire. Progressivement, le carénage des rues arrière fut abandonné, le pare-brise fut moulé d’une seule pièce et les ailes devinrent un peu plus arrondies. La puissance du moteur passa de 105 à 115 puis 126 ch. Cette version aurait pu relancer le modèle car son poids allégé laissait entrevoir de grandes possibilités mais la direction de Fiat décida d’arrêter définitivement la production en septembre 1954 faute de ventes satisfaisantes. En effet, le prix de revient exorbitant de ce modèle avait ruiné tout espoir de le commercialiser à un prix réellement attractif. Les derniers exemplaires seront habillés jusqu’en 1956, pour un total de 114 unités, y compris le premier prototype. Les plans, l’outillage et presque tous les moteurs restants sur les 200 produits furent cédés à la société Siata qui développera sa 208S sur cette excellente base.

 

Cette auto (châssis 000051) au pare-brise et lunette arrière panoramiques révolutionnaires pour l’époque est l’un des neuf coupés 8V signés Vignale et l’unique Coupé tipo Mille Miglia. Comptez de 1 600 à 2 000 000 $.